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Le développement de l'âme

Alfred Percy Sinnett
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CHAPITRE VIII :
LES ÉLÉMENTALS (2/2)

      Les forces élémentales, – je remets à plus tard l'étude des êtres élémentals – se divisent d'après les états ou conditions de matière, avec lesquels ils se trouvent en rapport dans leurs manifestations sur le plan physique. Nous connaissons tous les états solides, liquides et gazeux de la matière, et les étudiants en occultisme savent en outre quelque chose des quatre états suivants qui se succèdent en série ascendante. Les forces élémentales correspondantes sont nommées, en langage poétique, gnomes, sylphes, ondines et salamandres. Le gnome ne représente pas le nain sub-humain des contrées minières. Ce ne serait là que la caricature d'une idée conçue par une imagination défectueuse ou déréglée. Le gnome ou élémental terrestre est la force astrale reliée au phénomène de la matière solide ; de même que l'ondine ou élémental de l'eau est, non pas une fée dansant sur une source, mais une force naturelle reliée à la matière liquide ; le sylphe ou élémental de l'air est une force semblable en rapport avec la matière gazeuse, comme la salamandre ou élémental du feu correspond aux vibrations de l'éther.

      Cette classification, ainsi comprise, pourrait nous sembler plus élémentaire que scientifique. II y a des attributs communs aux trois états de matière. La pesanteur, par exemple, est aussi bien un attribut de l'hydrogène que du plomb ; la vibration moléculaire agit dans le roc immobile, comme dans la vague qui se brise sur ses flancs. Nous ne pouvons imaginer une force qui appartienne exclusivement à la matière solide, liquide ou gazeuse. Suivant le même ordre d'idée, les diverses essences élémentales n'agissent pas isolément et indépendamment les unes des autres, mais elles s'unissent à l'infini.

      Le point important à retenir est celui-ci : quelle que soit la combinaison de forces agissant, dans un cas donné, sur le plan physique, la contre-partie de cette combinaison opère également dans la condition astrale, où elle revêt un aspect en quelque sorte vivant, qui la rend plus soumise à la volonté humaine qu'elle ne l'est sur notre plan.

      Mais le plan astral est, nous l'avons déjà vu, partagé en sept subdivisions. Des variétés spéciales d'essence élémentale appropriées à chacune d'elles s'y présentent à notre observation et la distinction que nous observions entre les élémentals de la terre, de l'eau, de l'air et du feu persiste aussi dans ces sept subdivisions.

      Il existe encore, pénétrant tous les plans de la Nature, y compris le plan physique, une mystérieuse classification par attributs, tendances, ou caractéristiques, qui est trop subtile pour être facilement définie ; on peut néanmoins la faire vaguement pressentir en disant que toute plante, tout animal ou tout homme, ainsi que chaque minéral et chaque manifestation de l'essence élémentale correspond à l'un ou l'autre des sept grands rayons qui procèdent de régions d'influence spirituelle très élevées, où l'imagination a de la peine à pénétrer. Il faut tenir compte de cette classification par rayons lorsque l'on groupe les élémentals.

      Les habitudes d'esprit (20), engendrées par la conception des trois dimensions de l'espace, nous permettront d'édifier par la pensée non pas un tableau de cette triple classification, mais une figure solide (ou diagramme à trois dimensions) en représentant les trois catégories. Mais comment développer cette conception en faisant chevaucher cette triple classification sur les trois règnes d'élémentals ? Une quatrième dimension nous semble ici nécessaire. Et pourtant, sans sortir de notre champ d'expérience usuel, une créature vivante ne peut-elle être tout à la fois mammifère, quadrupède, pachyderme et mâle ; aussi pourquoi serait-il plus difficile de se faire une idée des variétés d'élémentals, variétés cependant trop compliquées pour être représentées par un diagramme (d'un espace) à deux ou trois dimensions.

      Jusqu'ici, nous n'avons considéré l'essence élémentale que sous son aspect le plus général, le plus indéterminé, et plutôt comme une force que comme une entité. C'est bien là l'idée principale qu'il faut établir dans notre esprit pour servir de base à des conceptions plus approfondies. Il serait désastreux de s'imaginer, a priori, que les élémentals sont au plan astral ce que les animaux, les oiseaux et les reptiles sont à nos forêts ; bien que nos premières expériences sur le plan astral soient de nature à confirmer cette notion. Sur le plan physique, les forces sont toujours des énergies abstraites, s'associant à la matière ; sur le plan astral, non seulement elles sont en quelque sorte vivantes, mais elles sont encore aptes à prendre forme sous l'influence de la volonté qui les dirige. Ces forces peuvent ête ainsi, pour un temps, douées d'un caractère bienfaisant ou malfaisant qui n'est comparable en rien, en ce qui concerne l'état de conscience interne, à un bon ou un mauvais naturel, mais qui les incite à produire un effet bienfaisant ou nuisible ; absolument comme peuvent en produire les forces du plan physique.

      Le feu qui, dans un but utile, sert à cuire la nourriture de l'homme pourrait, s'il était autrement dirigé, causer de la douleur à un être organisé. La loi de gravité qui fait descendre le poids d'une horloge pourrait aussi tuer l'homme qui se trouverait au-dessous. L'électricité qui peut transmettre de bonnes nouvelles pourra aussi faire éclater une charge de dynamite sans être pour cela de la bonne ou de la méchante électricité. La dynamite elle-même est d'une grande utilité lorsqu'elle fait sauter un rocher qui fait obstacle à la navigation, et elle est très nuisible en faisant sauter une habitation et en mutilant ses habitants. La force en elle-même n'est ni bonne ni méchante ; et la même idée s'appliquera aux élémentals que le pouvoir de la volonté a appelés à l'existence et qu'il a dotés, dans une intention consciente, de certains attributs.

      Le plan astral fourmille incontestablement de ces êtres à la fois bénéfiques et maléfiques ; on pourrait donc au premier abord imaginer qu'ils constituent la vie animale du plan. Mais ce sont des entités au même titre qu'un sceau d'eau tirée de la mer est un volume spécifique d'eau prenant pour un temps la forme de l'intérieur du seau. Brisez le seau, l'eau retombera dans l'océan, sans avoir été modifiée en bien ou en mal par cette séparation temporaire. L'eau peut même, pendant ce temps, avoir traversé bien des péripéties. On l'a peut-être convertie en vapeur dans une chaudière, pour faire marcher un navire ; elle a pu faire éclater son récipient, blessant ainsi les êtres vivants qui se trouvaient autour d'elle ; elle a pu encore entrer en combinaison chimique avec d'autres matières et jouer par là un rôle important sur le plan de la manifestation physique. Ce n'est pourtant toujours que de l'eau qui finalement retournera, d'une manière ou d'une autre, à l'océan d'où elle est sortie. Ainsi en est-il de la vie, ou force élémentale, isolée par une individualisation temporaire. La volonté ou l'énergie mentale qui l'a moulée peut la douer d'une vie spéciale, d'une tendance si tenace qu'on pourrait par erreur lui attribuer un dessein défini. La forme elle-même peut être très résistante, jusqu'à ce qu'elle se trouve en contact avec quelque force de volonté qui la brise ; elle nous présente alors tous les caractères extérieurs d'une créature astrale vivante. Les formes horribles et répugnantes que rencontre sur le plan astral un investigateur téméraire sont de cette nature. Créées peut-être par une pensée mauvaise ou hostile, elles sont impuissantes à nuire aux hommes de sang-froid qui opposent à leurs attaques une volonté ferme ; mais elles peuvent souvent tourmenter, faire souffrir même ceux qui envahissent leur domaine, et dont l'effroi paralyse les forces.

      D'autres formes élémentales, non moins réelles, et existant comme entités temporaires bien définies, peuvent revêtir l'aspect le plus agréable et exercer une action bienfaisante si elles sont appelées à la vie par des pensées d'amour et de charité. Mais la durée de leur existence dépendra de la persistance de la volonté qui les a fait naître, et lorsqu'elles ont rempli leur mission ou perdu leur cohésion par le relâchement du pouvoir qui les a évoquées, elles se résorbent dans l'océan d'essence élémentale à laquelle elles appartiennent ; les éléments qui constituaient cette forme élémentale peuvent ainsi servir à quelque nouveau but bon, mauvais ou insignifiant.

      Ces dernières explications pourront donner une interprétation scientifique (au point de vue occulte) à l'histoire des « Dieux » tutélaires de quelques temples indiens ; – les esprits occidentaux les qualifient naturellement de superstitions vides de sens ; car ils sont frappés du caractère inadmissible de la croyance indigène sous son aspect élémentaire, et ne possèdent pas la connaissance occulte qui pourrait leur montrer la potentialité naturelle qui s'y trouve cachée. L'essence élémentale revêtue d'une forme, si elle est animée dès sa création par une volonté humaine suffisamment puissante, peut persister dans cette forme pendant de longues périodes et manifester des pouvoirs en harmonie avec son impulsion primitive ; il n'est pas surprenant, dès lors, qu'une populace ignorante lui confère le pouvoir surnaturel d'un demi-Dieu.

      A la tête de chacune des grandes divisions d'élémentals se trouvent des êtres d'une nature permanente, bien définie, et du caractère le plus élevé, qui contrôlent ou inspirent toutes les manifestations de l'énergie élémentale. On ne peut en savoir davantage sur la nature et la constitution de ces êtres, sinon qu'ils sont d'ordre cosmiques : ce sont les agents des Lipika. N'appartenant pas à notre évolution, ils n'appartiennent pas à notre système évolutif humain, et, comme bien on pense, ne peuvent être décrits dans des termes appropriés à la mentalité humaine.

      L'existence de ces êtres est néanmoins un fait, et il concorde avec ce grand principe, que la donnée occulte nous présente sous bien des formes, d'après lequel toutes les lois de la Nature sont l'expression de la volonté d'êtres conscients, placés à un niveau plus ou moins élevé dans le système universel et dont la puissance s'exerce en harmonie avec la Volonté suprême et cachée qui les guide. Au point de vue occulte, la force aveugle est une chose qui n'existe pas. Dans ses manifestations les plus inférieures, la force peut paraître aveugle – elle peut se frayer une voie bien définie, insoucieuse des obstacles qu'on lui oppose ; mais à son origine primitive cette force est générée par une volonté intelligente.

      Un problème se posera ici, naturellement, en réfléchissant aux pensées que nous venons d'émettre. Quelle est la matière qui semble former le véhicule de ces élémentals, de forme et d'aspect bien définis ? Est-ce bien un véhicule au vrai sens du terme, comme le corps physique ou astral qui peut, sous certaines conditions, servir de véhicule à la conscience humaine ? ou bien le véhicule apparent de la force élémentale est-il aussi de la même essence que cette force ? Une statue de marbre ou un nuage vaporeux sur un ciel clair peuvent avoir chacun une forme définie ; mais leur surface extérieure n'est pas d'uue matière différente, par sa nature, de celle du marbre ou de la vapeur en question. C'est ainsi que l'élémental qui nous apparaît sous une forme grotesque, humaine ou animale, peut être cependant d'une constitution homogène – c'est autant de force élémentale vivante, agissant dans des conditions déterminées, et tirant sa forme extérieure de la pensée créatrice qui l'évoque. Des deux conceptions, celle-ci me paraît la plus rationnelle, bien qu'elle ne s'impose pas à l'imagination sans difficulté. Mais il faut nous souvenir que l'ordre évolutif du monde qui nous entoure procède, à travers les règnes élémentals vers le règne minéral, et de là vers des règnes supérieurs d'êtres organisés. Les élémentals ne sont pas les habitants d'un monde tout agencé ; ils sont les fondations, la substance du monde. Ils pourront subir des transmutations mystérieuses ; mais avant de parvenir à ces hautes régions de conscience humaine qui sont l'apanage de l'essence spirituelle, on ne rencontrera rien dans le monde qui ne soit élémental par sa nature. Les cellules minuscules dont se composent le corps de l'homme ou de l'animal sont des produits évolutifs du règne élémental. La matière el îr force sur le plan physique sont des élémentals condensés – matérialisés. Les élémentals, visibles sur le plan astral, sont de la matière et de la force éthérisées. Ils sont en relation avec leurs propres manifestations inférieures comme la vapeur est en relation avec la glace, et l'acide carbonique gazeux avec l'acide carbonique neigeux. Ils n'ont besoin d'aucun véhicule pour se manifester – à l'inverse de la conscience humaine qui en exige un. Ils sont à la fois véhicule et vie (mais non pas conscience).

      Il ne saurait entrer dans notre programme de définir les méthodes par lesquelles la volonté humaine, fonctionnant sur le plan astral, parvient à spécialiser et à diriger l'essence élémentale qui l'entoure ; mais nous toucherons aux confins de ce mystère, d'aussi près que nous le permettent les circonstances, si nous comprenons que la nature entière est pénétrée par la masse, non spécialisée, d'essence élémentale perceptible sur le plan astral. Il n'est pas nécessaire de chercher comme l'herboriste, par exemple, cherchera dans le bois la plante spéciale qu'il lui faut. Aussi bien que l'atmosphère est, en tous lieux, à la disposition de l'homme qui désire gonfler un soufflet, de même ces masses d'essence élémentale sont toutes sous la main ; mieux encore elles sont visibles aux sens astraux, sans pour cela gêner la perception des autres objets ; et il faut tenir compte de la différence entre la vision astrale et la vision ordinaire. Avec quelques restrictions, on pourrait même dire que seules les choses sur lesquelles se porte l'attention, sont vues sur le plan astral en sorte que, si l'investigateur astral n'a pas besoin de manipuler l'essence élémentale, à peine sera-t-il conscient de sa présence ; si au contraire il désire l'employer, il l'apercevra de toute part.

      J'ai fait allusion au rôle joué dans les phénomènes physiques par des combinaisons de diverses variétés d'essence élémentale. Dans le même ordre d'idée, « un » élémental évoqué ou créé par la volonté humaine peut être composé de plus d'une de ces variétés. Une seule pourrait être insuffisante pour réaliser le but désiré. Il est indubitable, cependant, que la création d'un élémental aussi complexe exigera un degré d'avancement supérieur à celle d'un élémental formé d'une seule variété d'essence.

      Au-dessus et en dessous de ces entités élémentales que la volonté humaine peut tirer de la masse d'essence élémentale, il en est encore d'innombrables variétés, qui doivent l'existence à des évolutions naturelles se poursuivant parallèlement à celle qu'intéresse notre humanité, tout en restant complètement indépendantes. Mais celles-là ne touchent guère à mon sujet actuel. Je m'occupe exclusivement ici des enseignements occultes qui concernent directement l'évolution de l'homme.


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(20)  Le lecteur non familiarisé avec la géométrie descriptive transcendante, aura quelque difficulté à suivre l'auteur dans cette partie de son exposé. N. D. T.




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